SÉANCES — 2012
Centre d’art contemporain d’Ivry-Le Crédac, avril-juin 2012
Projet associé à La Triennale 2012-Intense Proximité
Curatrice : Claire le Restif
Un spectacle en forme d’exposition.
Une exposition en forme de spectacle.
Un récit sous forme d’images, de sons et de sculptures.
Un montage d’éléments hétérogènes construit par le spectateur.
Un décor-paysage à arpenter.
Séances est un récit prenant la forme d’un espace à la fois physique et mental basé sur une pratique de l’articulation (des formes, des idées, des sensations) et sur l’appréhension du fragment comme principe fondamental du rapport au monde. À heure fixe et pendant une durée de 40 minutes les spectateurs sont invités à arpenter un décor-paysage plongé dans une semi-obscurité bleutée et composé de divers éléments sans organisation ni sens prédéfinis (films, sculptures, textes, sons… mais aucun acteur ni évènement live). Aucun sens de visite n’est privilégié, les déroulements des films et événements se superposent, produisant une forme de narration démultipliée, non-linéaire et sans chronologie fixée. À chaque spectateur de construire son propre scénario, par des méthodes d’association, de collage ou de corrélation mentales comparables à celles du montage, de l’enquête policière ou de la psychanalyse. Forme parcellaire, à la signification non prédéterminée, Séances invite à la construction d’un récit, par l’articulation d’images et d’objets hétérogènes. Les films et sculptures deviennent sources de lumière, des sculptures se retrouvent dans certains films sous forme d’accessoires, affirmant une fluidité, une porosité des médiums et de leurs usages. Le fragment est à la fois un des thèmes principaux mais également un motif et un élément structurel de Séances. Thème en ce qu’il pose et explore la notion d’incomplétude comme l’essence même de notre rapport à la connaissance, aux êtres, aux choses et aux phénomènes ; motif dans la mesure où chaque film, texte ou sculpture affiche délibérément sa nature parcellaire ; élément structurel enfin, puisque le spectateur ne peut avoir accès à l’ensemble des éléments proposés. Les nombreuses collaborations générées par Séances, avec des danseurs, des musiciens, des graphistes, des théoriciens et des écrivains, participent également d’un élargissement et d’une ouverture du projet à des formes, des pratiques et des sensibilités autres. Parmi ces collaborations, laBibliothèque des Fragments tient une place particulière : elle regroupe un ensemble ouvert de textes écrits pour l’occasion par plusieurs auteurs (Thomas Clerc, Jean-Yves Jouannais, Eric Mangion, Gaëlle Obiégly, Élise Parré, Nathalie Quintane, Michele Robecchi, Paul Sztulman) et proposés à la lecture uniquement au sein du dispositif de Séances. De la science-fiction à la compilation historique en passant par l’essai théorique, cette bibliothèque in progress est un concert de voix qui participent de la pluralité de l’expérience à l’œuvre et enrichissent son appréhension. A la fois origine et archive, cet ensemble de textes entretient l’ambigüité d’une histoire préexistante, mais dont le sens reste à construire. Ainsi, dans les mots et les espaces, la notion d’obscurité est omniprésente et suggère un temps passé ou un futur apocalyptique, un monde où la nuit est sans fin. À moins que, comme dans tout bon roman de science-fiction, il ne s’agisse en fait de notre présent : « Il a existé un ciel bleu, vous devez bien avoir vu ça en photo, en film, ou en tableaux. Lesquels vous donnent le mieux la sensation du ciel clair, de ce que c’est que vivre sous le ciel éclairé ? Qu’est-ce qui pour vous aura le mieux témoigné du monde ancien, du temps où nous étions dans la lumière du ciel et où, pourtant, nous n’étions pas heureux tous et toujours et simultanément. Et voilà que j’arrive à ce que je voulais vous dire. Cette catastrophe dont vous avez peut-être déjà entendu parler. Ce qui a plongé le monde dans l’obscurité. Ce qui vous oblige à garder allumées les lampes, en permanence. Nous l’avons su après, ce qui s’est passé. J’étais encore très jeune. C’est ce qui fait que je peux témoigner.» (Gaëlle Obiégly, Le monde, avant (extrait), texte tiré de laBibliothèque des Fragments.)
Ce projet a bénéficié du concours de la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques et de celui du CNAP-Centre national des arts plastiques (soutien pour le développement d’une recherche artistique).
Project associated to La Triennale 2012 – Intense proximity
Curator : Claire le Restif
A show in the form of an exhibition.
An exhibition in the form a show.
Fragment and incompleteness
as the principles of a relation to the world.
A story in the form of images and sculptures.
A montage of heterogeneous elements,
assembled by the spectator.
A stage set/landscape to move through.
Séances is a narrative that takes the form of a space that is at once physical and mental, based on a practice of articulation (of forms, ideas and sensations) and on the idea of the fragment as the fundamental principle of the relation to the world. In a bluish semi-darkness, various elements without predefined meaning or organization (sculptures, films, texts, sounds, but no live actor or event) compose a stage/landscape to be moved around in, for a set time of 40 minutes. The combination of formal elements, a space, a time frame and an audience constitute this proposition as a show. The predefined, limited duration of this show, the large quantity of elements presented, their simultaneity and their specific temporalities, all ordain that the reception of these forms will be fragmented, affirming and exacerbating its heterogeneity, its incompleteness and its singularity for each spectator. The fragment is both one of the main themes and a structural element of Séances. It is a theme in that it posits and explores the notion of incompleteness as the very essence of our relation to knowledge, to the world, to other beings, to objects and phenomena. It is a motif inasmuch as each film, text or sculpture inSéances deliberately flaunts its fragmentariness. And it is a structural element because spectators cannot have access to all the elements put before them. Séances is an object with a non-predetermined meaning : it is the spectator who edits it together during the 40 minutes of the experience, using the narrative potential of certain forms just as much as the disjunctions or formal similarities. Made deliberately too short for spectators to take in all the elements they see in front of them, this duration amplifies and underscores the importance of the fragment principle and the onus placed on the spectator to choose among what is offered. Each viewer is invited to use the methods of editing, police investigation or psychoanalysis in order to constitute, whether by digression, free association or correlation, their own global form. While of course the spectator is never just a passive receiver of the forms put out by the artist, but plays an active part in constructing the meaning of a work, in Séances this active role is given exemplary form, putting the spectator’s engagement with the work on the same level as the artist’s. That said, far from being limited to this single idea, Séances is intended above all to be a plastic experience in which the affirmation of the visual power of forms is as important as the processes of their organization and reception.
This project benefited from the support of the national Fondation nationale des arts graphiques et plastiques (FNAGP), as well as from the CNAP National Center for the Visual Arts (support for the development of an artistic search).