Dans le cadre du cycle « Entretiens sur l’art » mené par Jill Gasparina à la Fondation Pernod Ricard.
(voir la vidéo)
Boris m’avait donné rendez-vous dans un café à Jaurès, à côté du canal de l’Ourcq, pour me présenter son projet DAMP (Display-Algorithme-Modélisation Procédurale). Lorsque nous nous sommes attablés, comme souvent dans ce genre de situation, nous avons d’abord parlé d’autre chose. Je ne sais plus pourquoi notre conversation s’est dirigée sur ce que nous ferions aujourd’hui si certains évènements dans nos vies s’étaient déroulés différemment. (dérouler plus)
Texte commandé par le MACVAL à l'autrice en lui proposant d'écrire sur une œuvre de son choix présente dans la collection. (lire au bord du lac)
Encore est un mot à double-fond, puisque la langue anglaise l’a presque unanimement adopté pour désigner ce rituel du retour d’un artiste sur la scène pour une ultime performance après la fin pourtant présumée du spectacle. (encore plus?)
Il existe au moins deux manières très différentes de concevoir la solitude : d’une part une solitude qu’on pourrait dire subie, non désirée, qui véhiculerait un sentiment malheureux ; d’autre part une solitude choisie, désirée, considérée comme nécessaire au processus de construction du sujet, c’est-à-dire qui témoigne d’un besoin du sujet de chercher en lui-même les ressources de sa personnalité, de sa volonté et du déploiement de sa puissance d’agir. (feuilleter la suite)
Créer des formes singulières sans pour autant les opposer aux canons esthétiques dominants, en tentant ainsi de récuser les dichotomies dominantes : fonctionnalité/ornementation, courbes/angles droits, transparence/opacité, nature/artifice, sensualité/raison, sujet/objet, pensée/poésie... Le kitsch ne serait pas une valeur opposée à la modernité, mais lui serait consubstantielle, telle une part maudite ou du moins cachée. (en découvrir encore)
« Je ne sais pas si c’est bien une histoire », disait Witold Gombrowicz au sujet de son livre Cosmos, « nos actions sont d’abord inconsistantes et capricieuses, comme des criquets, et c’est tout doucement, au fur et à mesure qu’on y revient, qu’elles revêtent un caractère conclusif, elles saisissent comme avec des tenailles, elles ne lâchent plus – donc que peut-on savoir ? » (lire davantage)
« Tu connais ce genre de film ou de roman dans lesquels un personnage se réveille ayant tout oublié de son identité, de sa vie et devant à chaque instant tout réinventer et reconstruire. Pas de passé, pas de futur, juste l’instant présent. » (voir +)
La question de l’héroïsme semble très éloignée du monde de Boris Achour. C’est même une question qu’il ne se pose pas du tout. A contrario, il n’est également pas possible de qualifier l’artiste d’anti-héros, l’anti-héroïsme ne constituant que l’envers complice de l’héroïsme. Le monde artistique de B. A. ne tombe néanmoins pas du ciel. Ses œuvres sont traversées par des figures d’artistes, qui sont pour lui des points de référence, des manières de héros, si l’on exempte cette figure de sa dimension mythique ou mythologique pour ne privilégier que sa dimension exemplaire. (compulser la suite)
« Je me suis remis à jouer au tennis, parce qu’au tennis, quand on envoie la balle, le principe, c’est de vous la renvoyer. Alors que dans la vie, aujourd’hui, quand on envoie la balle, le principe, c’est de la garder. Je communique trop avec moi-même, alors j’essaie de passer aussi par des journaux, du théâtre, et par l’œuvre... J’ai fondé une société de cinéma, et la seule personne qui a accepté d’en faire partie, c’est Anne-Marie Miéville. » Comme Jean-Luc Godard, Boris Achour s’est mis à jouer au tennis ; disons qu’il envoie des balles .... (envoyer la suite)
« De même qu’une situation imaginaire doit contenir des règles de comportement, tout jeu possédant des règles contient une situation imaginaire » Lev Vygotsky, Mind in Society. Dans Pensée et langage, œuvre fondatrice du psychologue du développement Lev Vygotsky, publiée en 1934, la relation entre pensée et mot est considérée comme un processus, et non comme une chose en soi. Dans le continuel mouvement d’allers-retours entre pensées et énonciations, chacun de ces éléments interdépendants subit des changements au fur et à mesure que ceux-ci réagissent les uns aux autres, avec plus ou moins d’intensité. (consulter plus)
Dans la liste des soi-disant vertus humaines, la générosité est souvent associée à la charité, c’est-à-dire au don d’argent sans contrepartie. On peut dire que toutes deux ne constituent plus des priorités dans un monde où l’on prône la compétition plutôt que la coopération et l’égalité. La générosité n’est pourtant pas la même chose que la charité : elle peut aussi inclure le pardon, la patience, la compassion et le contrôle de soi. Aujourd’hui, les récits d’actes de générosité sont nombreux dans les médias... (découvrir plus)
Peu de questions sont aussi fondamentales dans l’art que la question de l’utilisation (usage), qui y refait sans cesse son apparition. Que l’on se place dans une perspective ontologique ou sociale, elle constitue une sorte de revenant philosophique, de ceux qui toujours réapparaissent, de ceux qui hantent l’art avec une soif de vengeance digne d’une tragédie grecque. C’est presque comme si cette chose, ou ce concept, constituait l’espace négatif de l’art, contre lequel l’art s’érige, ou mieux encore, s’abolit et se définit ou s’indéfinit... (feuilleter la continuation)
Cet envoi constitue la contribution de Jean-Pierre Criqui au livre ABC B.A., monographie composée d’un recueil de textes et d’essais critiques prenant la forme d’un d’abécédaire. À partir de mots clés, douze critiques d’art, curateurs ou écrivains ont rédigé un texte commentant le travail de Boris Achour. (découvrir la bafouille)
LA ROSE EST SANS POURQUOI, FLEURIT PARCE QU’ELLE FLEURIT, N’A SOUCIS D’ELLE MÊME, NE DÉSIRE ÊTRE VUE (2013). Déployé en une écriture lumineuse faite de tubes fluos standards sur le mur d’une longue place publique lors de la Nuit Blanche de Toronto en 2013, ce quatrain d’Angelus Silesius se rapporte tout autant à la fleur qu’au poème lui-même, posant chacun comme une évidence, une création déjà là. (effeuiller la suite)
Comment faire pour maintenir une forme d'indécision mais décidée dans le travail ? Et comment faire quand, l'indécision générale adoptée autrefois, qui nous protégeait, s'est changée en injonction gentille à montrer cette fois-ci du décidé, du ferme ? Ce groupe, constitué mais indéfini, auquel nous aimerions appartenir – quelque chose comme une famille qui n'aurait rien de familial, comme un père à peine indiqué, une mère qui ne se survivrait plus que par son sourire ; une mère-chat à la Carroll –,...(bouquiner la suite)
Toute une génération d’artistes issus de tous les champs de la création, semble depuis quelques années « surveiller le ciel », au sens où ils imaginent un futur en générant des mondes. Conscients que la menace est en perpétuelle mutation, les artistes inventent un corps qui n’a aujourd’hui plus de frontière, ni de territoire, ni forcement de langage a priori. (consulter la suite)
La théorie économique classique de Karl Marx, dite théorie de l’aliénation – la prise de conscience que l’on appartient à une classe exploitée et la séparation des hiérarchies du capitalisme qui en résulte – a eu, à mon sens, une influence sur nombre de cas littéraires d’aliénation d’un autre type – en l’occurrence sociale –, qui se traduirait par un sentiment d’inadaptation au monde environnant, souvent hostile. Sans doute Franz Kafka est-il l’auteur dont les ruminations sur l’insignifiance, l’isolation, la solitude, l’insuffisance et le rejet ... (envisager la continuation)
Entretien avec Emma Lavigne dans le cadre de l'exposition «Les archipels réinventés», Centre Pompidou, 2009.
(visionner la vidéo)
Tout part d’une apparition sonore, un son fluide et caverneux, qui revient en écho métallique et suggère le pas titubant ou l’accélération machinique d’un moteur ferroviaire. Il enveloppe les premières images de la vidéo Conatus, la nuit du danseur (2009) et rappelle, à la suite de Luigi Russolo, que "la variété des bruits est infinie". (lire au-delà)
Poursuivre en galerie une flânerie qu’on aurait commencé en ville, à la manière hésitante, mais fluide, ou peut-être empêchée, mais décidée, qu’a eu Boris Achour de déposer des œuvres sans jamais les installer – sans rien qui pèse ou qui pose -, traverser encore une fois l’espace de l’art – ce lieu parfois si posant et si pesant – en danseur, doté d’un masque de lune... (parcourir plus)
Le principe de cet entretien est né dans les premiers jours du mois de juillet 2009. Il a débuté dans les faits le 10 octobre suivant par un premier email. Il n'est toujours pas achevé. Peut-être ne le sera-t-il jamais. Il s'agit donc d'un travail au long cours qui a pour but de prendre le temps d'approfondir plusieurs aspects du travail de Boris Achour, quitte à buter sur les idées ou à répéter les questions. Il est publié tel quel. (appréhender l'entretien)
Sophie Lapalu : Pourquoi et comment avez-vous décidé de sortir de l'atelier et réaliser les Actions-peu ? Aviez-vous connaissance d'artistes comme Vito Acconci, Bas Jan Ader ou Adrian Piper ? Je pense à ce travail où elle se promène dans les rues de New York avec un tee-shirt où il y a écrit « wet paint », et je ne peux pas m'empêcher de faire un rapprochement, même très formel, avec Les femmes riches sont belles. Connaissiez-vous ces pratiques là ? (la suite?)
Il me faut affronter cette « Rose sans Pourquoi »… Et tenter de fournir une raison, une explication, à ce qui d’emblée s’annonce comme sans raison… Je vois bien le piège dans lequel il est possible de se fourvoyer. Je mettrai entre parenthèses ici la lecture décisive qu’a faite de ce quatrain le recteur de Freiburg, car cette interprétation nous oriente vers des rives métaphysiques sur lesquelles je n’ai pas envie d’accoster. (en connaître plus)
Conatus - Episode 6 : La rose est sans pourquoi
Résumé :
Après avoir traversé une forêt inquiétante, exploré les parois d'une grotte aux reflets pop, fondé une communauté masquée dans un Lot aussi psychédélique que sauvage et croisé en pleine nuit un danseur de claquettes, Boris Achour fait à Reims la rencontre mystérieuse d'une rose du XVIIe siècle qui, comme toute vraie beauté, clame son indépendance. (lire ce qui suit)
«Vous regardez trop la télévision. Bonsoir!» pourrait être une des phrases cultes des années 1990 s’adressant en particulier à Boris Achour. Artiste protéiforme aux ambitions pop et conceptuelles, il développe une pratique au formalisme mouvant et à la portée résolument métaphysique. Boris Achour croit au pouvoir hypnotique des médias, à la «gourouisation» des rapports humains, et c’est en réaction à cette manipulation quotidienne – qu’il semble exécrer autant qu’elle le fascine – qu’il œuvre. (Want to know more ?)
Le travail de Boris Achour est littéraire en un sens et d’une manière qui le placent à l’écart de la plupart de ce qui circule aujourd’hui dans la sphère contemporaine. (savoir en quoi?)
Si on a pu assimiler l’artiste à certaines démarches artistiques prônant la discrétion, l’humilité, la micro-résistance, voire même la « faiblesse », par un parasitage minimal sur les signes du réel trop nombreux et puissants pour être combattus frontalement (etc. etc.), il est vraisemblablement temps de réviser cette position. Depuis ses débuts, c’est avec une posture véritablement démiurgique qu’Achour dispose ses pièces (comme aux échecs) ... (voir en quoi)
François Piron : Afin de préciser la nature des liens entre certaines de tes pièces, nous pourrions commencer de manière généalogique. L’évidence pour quelqu’un qui voit pour la première fois l’ensemble de ton travail, par exemple dans ce catalogue, est qu’il n’a jamais eu d’unité stylistique... (en lire davantage)
ERIC MANGION : Sommairement, on peut suggérer que Cosmos est un vidéo club. Pourtant, une fois attention portée à sa forme et à son contenu, il semble plutôt que l’on soit dans un trompe l’œil ou un simulacre de vidéo club, plus qu’un «magasin» en tant que tel. (la suite ici)
Éric Mangion et François Piron tentent à travers quelques mots-clefs de mettre en lumière la complexité et la diversité du travail de Boris Achour. Une œuvre qui use de l’incertitude et du dysfonctionnement pour questionner l’identité, ses modes de construction et ses multiples conditionnements, tout en jouant volontiers du paradoxe et de la coexistence des possibles. (la suite, possiblement !)
Boris Achour n’entend pas loger ses interventions et ses travaux dans des niches préparées à l’avance qui pourraient en faciliter l’évaluation et l’identification. Façon d’échapper aux déterminismes de la société, mais aussi à ceux du monde de l’art, de ne pas se plier aux attentes du moment. Achour fait son chemin, trace ses lignes de fuite, aléatoires et diffuses, dans une solitude qui ne «tient» que par tout ce dont elle se nourrit... (lire le texte)
De nombreux boîtiers vides de cassettes vidéo sont placés côte à côte sur une étagère longue de quarante mètres. Dans ces deux cent boîtiers sont glissées autant de jaquettes de films, tous intitulés Cosmos, tous adaptés du roman éponyme de Witold Gombrowicz et tous réalisés par Boris Achour. L’ensemble de cette collection s’appelle lui aussi Cosmos. (avance rapide)
EG : Comment situerais-tu Boris Achour dans la génération à laquelle il appartient?
NB : Cette génération d'artistes se caractérise par deux éléments théoriques fondamentaux : ... (lesquels?)