ALIGNEUR DE PIGEONS / PIGEONS ALIGNER — 1996
La ligne est une des formes récurrentes dans le travail de Boris Achour, très certainement parce que celle-ci, pour reprendre les mots de Gombrowicz, peut s’apparenter à une “tentative d’organiser le chaos”. Aligner c’est à la fois regrouper, arranger et ordonner ; c’est créer une structure là où auparavant prévalait le désordre. Mais loin d’être une défense et illustration du réglé et de l’ordonné, cette figure se présente toujours dans ses œuvres sur le mode de l’ambivalence : qu’il s’agisse de réaliser un court segment de déchets (Actions-peu, 1993), de disposer sur une étagère de quarante mètres de long près de deux-cent boîtiers formant un vidéo-club fictionnel (Cosmos, 2001) ou de faire ramper un cadre d’entreprise sur le dos à même l’immense table d’une salle de réunion déserte (Spirale, 2004), la ligne associe à chaque fois des formes antinomiques ou tout au moins discordantes.L’Aligneur de pigeons est un multiple illimité créé en 1996. Sur le modèle des anciennes réclames publicitaires avant/après, cette photocopie de format A3 présente à la fois une proposition sculpturale (puisqu’il y a moule et tirage), documente photographiquement une intervention éphémère dans l’espace public (la mise en ordre très momentanée de quelques Columbia Liva, espèce animale présente dans la plupart des grandes métropoles et farouche contemptrice de la statuaire) et offre la recette ou le mode d’emploi pour la réalisation do it yourself de cette sculpture/intervention. À noter que la dernière photo a été prise dans le jardin du Palais Royal à Paris, célèbre pour ses allées d’arbres rectilignes tout autant que pour sa proximité avec une fameuse œuvre d’art dans l’espace public.
The line is one of the recurring forms in Boris Achour’s work, most certainly because it is, in the words of Gombrowicz, an « attempt to organize chaos ». To align is at once to group, arrange and order; it is to create a structure where previously disorder prevailed. But far from being a defense and illustration of the regulated and ordered, this figure is always presented in his works in the mode of ambivalence: whether it is a question of making a short segment of waste (Actions-peu, 1993), of arranging on a forty-meter long shelf of nearly two hundred boxes forming a fictional video club (Cosmos, 2001) or of making a company executive crawl on his back on the huge table of a deserted meeting room (Spirale, 2004), the line associates each time antinomic or at least discordant forms. L’Aligneur de pigeons is an unlimited multiple created in 1996. Based on the model of the old before-and-after advertisements, this A3 photocopy presents both a sculptural proposal (since there is a mold and a print), photographically documents an ephemeral intervention in the public space (the very momentary setting in order of a few Columbia Liva, an animal species present in most large metropolises and fiercely contemptuous of statuary), and offers the recipe or instructions for the DIY making of this sculpture/intervention. Note that the last photo was taken in the Palais Royal garden in Paris, noteworthy for its straight tree alleys as well as for its proximity to a famous work of art in the public space.